Route du sel

La route du sel

Dès la plus haute antiquité, l’exploitation du sel a assuré le nom et la prospérité des villes de Salins et de Lons le Saunier. Salins a longtemps été la ville la plus peuplée de Franche-Comté.

Le sel, acheminé par chariots sur des itinéraires très déterminés alimentait non seulement la Province, mais les régions limitrophes.

Au nord de Salins, une de ces routes passait par Port Lesney, Buffard, Liesle, Fourg, Courtefontaine et Fraisans.

Une autre à partir de Quingey, Abbans-Dessous traversait la Loue au Portail (bac) de Roche au pied d’Abbans, Osselle, Routelle et St-Vit.

Une troisième se dirigeait sur Boussières Thoraise, Montferrand, Avanne.

Les routes étaient mauvaises, mais le principal obstacle était constitué par les cours d’eau.

Les ponts étaient de mauvaise qualité et souvent emportés par les crues ou ruinés par les guerres.

Celui de Fraisans est déclaré "ruyneux" par les officiers de la saunerie dès 1487. Il est détruit en 1594 pour barrer la route de Salins aux troupes d’Henri IV puis réparé dès l’année suivante aux frais du roi d’Espagne. Il sera à nouveau hors d’usage après les guerres du XVIIème siècle et remplacé par un bac (on disait à l’époque portail) situé alors entre les maisons Keyser et Lefrançois dans le prolongement de la Rue du Château.

La route Routelle - St-Vit était souvent coupée par les eaux, au bief Ringeard, ce qui obligeait les sauniers à se rabattre sur l’itinéraire du pont de Fraisans. Le bac de Salans au lieu dit "La Barque", en· aval du pont actuel permettait de doubler les itinéraires de St-Vit et Fraisans en cas de nécessité.

Les souvenirs de ces routes se retrouvent dans l’actuelle route des baraques appelée "chemin blanc" ancienne route du sel.

La route passant par Châteauneuf était désignée dans le dénombrement de 1715 conservé par la Commune de Dampierre sous le terme de "Chemin Sonot tirant de Fraisans à St-Vit".

Le passage du pont donnait évidemment lieu à péage, mais ces droits de péage étaient loin de couvrir les frais d’entretien de l’ouvrage. Une dizaine de communes situées de part et d’autre du pont et proches de Fraisans étaient d’ailleurs exemptées du péage perçu par le souverain Duc de Bourgogne. La multiplicité des itinéraires et des solutions de remplacement montre la précarité des transports à l’époque, et le souci des dirigeants de tout faire pour assurer le transport d’une marchandise vitale tant pour le consommateur que pour la puissance publique qui percevait les taxes sur le sel.

P Milleret

Source : André Hammerer - "Sur les Roules du sel" - Cêtre édit Besançon 1994